Article publié dans Le Temps du 16 mai 2022
UNE ÉTUDE MONTRE QUE LA QUALITÉ DU RÉSEAU 5G EST PLUS FAIBLE EN SUISSE QUE DANS LES PAYS LIMITROPHES. NI LES OPÉRATEURS, NI LES CITOYENS CONSOMMATEURS NE SE DISENT SATISFAITS DE CETTE TECHNOLOGIE, CES DERNIERS NE LUI VOYANT ENCORE QUASIMENT AUCUN INTÉRÊT.
Anouch Seydtaghia
Personne. C’est simple, personne n’est aujourd’hui satisfait de la 5G en Suisse. Ces derniers jours, deux études d’OpenSignal et de Comparis ont montré que cette nouvelle génération de réseaux mobiles ne convainc ni les citoyens, ni les opérateurs, ni les consommateurs. Plus de trois ans après l’attribution des licences à Swisscom, Sunrise et Salt – c’était en février 2019 –, la 5G continue de diviser. Et malgré les promesses des opérateurs, leurs clients n’en mesurent toujours pas les avantages.
Commençons par un peu de technique. Année après année, le test de référence Connect, du nom du magazine allemand spécialisé dans la technologie, loue les mérites des réseaux suisses. Ils surpassent de loin leurs homologues allemands et autrichiens en termes de débit internet, de disponibilité et de qualité des appels. Mais attention, cela pourrait changer. Le 5 mai, la société de recherche britannique OpenSignal publiait une étude comparant la qualité du signal 5G en Suisse, en Allemagne, en France et en Italie. Résultat: en moyenne, la force du signal n’est que de -105,9 décibels-milliwatt (dBm), contre respectivement -101,1, -100,6 et -100,5 dans les pays voisins. «Les utilisateurs helvétiques n’ont droit qu’à une expérience 5G dégradée», juge OpenSignal.
A ÉGALITÉ AVEC LA FRANCE
La société de recherche note que, quelle que soit la distance avec l’antenne, la qualité du signal est plus faible sur territoire helvétique. «La Suisse est le seul pays où nous avons vu plus de 50% des relevés avec un signal faible ou moins bon encore – contre 38,3% en Allemagne, 39,7% en France et 39,2% en Italie», note OpenSignal. En analysant les chiffres, on remarque que la France, souvent moquée pour ses débits internet jugés faibles, offre désormais à ses citoyens une vitesse de téléchargement en 5G semblable à celle de la Suisse. Rien de très surprenant à cela, note OpenSignal, la législation helvétique sur le rayonnement des antennes étant dix fois plus restrictive que celle en vigueur dans l’Union européenne.
Contacté, un haut responsable d’un opérateur suisse est consterné. «Il n’y a aucune raison d’être plus strict que l’Europe. C’est comme si on imposait une vitesse maximum de 50 km/h sur les autoroutes.» Il déplore une législation jugée trop dure, mais aussi les oppositions locales qui ralentissent le déploiement du réseau: «La situation ne changera vraiment que lorsque les gens verront que les réseaux seront saturés, ce qui causera des dégâts très importants pour l’économie. Avant cela, ils continueront à se dire: «Pourquoi changer la loi? Il n’y a aucun souci actuellement.» Des consommateurs d’autant plus dubitatifs que, parfois, même l’indication «5G» sur leur téléphone est fausse, reconnaissent les opérateurs, puisqu’il s’agit d’une 4G améliorée.
UTILITÉ NON PERÇUE
Aujourd’hui encore, la défiance envers la 5G est forte dans la population. La semaine passée, un sondage de Comparis indiquait que 42,5% des Suisses sont favorables au déploiement rapide de la 5G, 41,7% s’y opposant. «La 5G est avant tout une promesse d’avenir. Les nouvelles possibilités qu’offre cette technologie, comme les voitures autonomes, et ses applications dans le domaine de la réalité virtuelle ne sont pas encore établies», note Jean-Claude Frick, analyste chez Comparis. C’est juste, admet Laetita Bettex, coprésidente de Chance5G, lobby des opérateurs: «Pour le moment, la 5G ne se limite qu’à apporter un peu plus de capacité aux réseaux existants. Il est nécessaire que son déploiement s’accélère afin d’éviter la surcharge qui les menace.»
Egalement municipale vert’libérale à Morges (VD), Laetitia Bettex vante en parallèle les possibilités qu’offrira la 5G dans les domaines de l’agriculture, de la construction, de la santé ou encore de la mobilité. La responsable affirme que le sondage de Comparis, dont le résultat est plus négatif envers la 5G que ne l’était celui de Bonus.ch, ne la surprend pas: «Une minorité bruyante a réussi à semer le doute dans l’esprit de nombreuses personnes. Les avantages et les opportunités de la 5G sont noyés dans la discussion.»
RÉSEAUX MENACÉS
Le Conseil fédéral a décidé d’un système de mesure du rayonnement 5G plus souple, estimant qu’il faudrait du coup ériger 7500 antennes, et non plus 26 000 comme l’avaient initialement craint les opérateurs. Mais pour Laetitia Bettex, il y a encore trop de problèmes. «En raison des valeurs limites strictes, la Suisse a besoin de plus d’antennes pour assurer une bonne qualité de réseau et une bonne couverture, estime-t-elle. Or les projets d’antennes sont régulièrement combattus. Quelque 3000 oppositions à des projets sont actuellement en suspens en Suisse. Cette situation menace la stabilité de nos réseaux.»
Ces oppositions ne devraient pas faiblir, malgré la levée par plusieurs cantons, tels Genève ou Vaud, de leurs moratoires. Les associations anti-5G estiment que la mesure du rayonnement est trop souple, que la 5G a des effets sur la santé et qu’ils doivent être mesurés, comme le demandent aussi des médecins. Elles critiquent toujours la course en avant technologique imposée, selon elles, par les opérateurs avec la 5G.
ET le commentaire d'Olivier Bodenmann :
Au sujet de la prétendue « mauvais réseau 5G » en Suisse en comparaison de l’étranger : il n'y a qu'une différence d'un FACTEUR 1.7 (oui, même pas deux fois moins !) entre les valeurs suisses et étrangères. En effet, selon les relevés, nous aurions en Suisse 4.8dBm de différence par rapport à nos voisins, ce qui représente un facteur 3... en puissance. Donc seulement un facteur 1.7 en intensité, exprimée en V/m.
Lorsque l’intensité est plus basse, on peut avoir un moins bon débit de données, mais vu le peu de différence en matière d’intensité, il va rester très élevé en comparaison de la 4G.
Et encore une fois, QUI a vraiment besoin de débits pharamineux sur un smartphone ? Cela ne correspond à aucun schéma d’utilisation de ces appareils. Et s’il s’agit d’une utilisation fixe, la fibre optique ou le câble sont là et c’est une absurdité fondamentale que de vouloir utiliser un réseau mobile pour une utilisation fixe, à de rares exceptions près, pour des endroits qui ne seraient pas desservis par ladite fibre ou ledit câble.
Rappelons que la 5G a besoin de beaucoup plus de puissance pour pouvoir assurer les débits inutilement élevés promis, avec comme conséquence une irradiation fortement augmentée de la population, avec à la clé des effets nocifs au niveau biologique et un grand point d'interrogation sur les effets sanitaires à moyen et long terme.
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